Les Acadiens en Louisiane
- Catégorie : de la Louisiane
Les Cajuns descendent de Français, petits paysans poitevins, charentais, bretons, normands, qui s’établissent au XVIIe siècle, le long de la côte est du Canada, dans une région qu’ils nomment «Acadie» (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et une partie du Maine actuels).
En 1713, ces terres passent aux mains des Anglais.
Bien embarrassés par ces catholiques francophones qui refusent de prêter allégeance à la Couronne, ils décident leur déportation. Appelée plus tard pudiquement, « le Grand Dérangement».
En 1755, les soldats britanniques retiennent les hommes pendant que d’autres chassent les femmes et les enfants de leurs maisons avant de les brûler.
Les familles sont dispersées et embarquées de force sur des bateaux différents.
Sur les 15 000 Acadiens exilés, près de 3 000 trouvent refuge dans le sud de la Louisiane, entre 1765 et 1785, sur des terres inhospitalières dont personne ne veut.
Nommée ainsi par son découvreur, Cavalier de la Salle, en l’honneur du roi Louis XIV, la Louisiane est alors sous tutelle espagnole avant d’être récupérée par la France et finalement vendue aux Etats-Unis par Napoléon en 1803.
Malgré cette ouverture à de nouvelles influences, la culture acadienne reste prédominante. Au gré de nombreux mariages intercommunautaires, les Acadiens absorbent d’autres communautés, (espagnoles, irlandaises, écossaises, allemandes…) qui adoptent leur système culturel.
Ainsi, aujourd’hui, les familles McGee, Romero, Gooding, Waguespack, sont aussi cajuns que les Thibodaux, Babineau ou Hébert.
À la fin du XIXe siècle, la communauté se scinde en deux groupes : d’un côté, une bourgeoisie composée de gros propriétaires terriens et de commerçants prospères, les Acadiens- disparus depuis; de l’autre, de petits exploitants, ouvriers agricoles et pêcheurs deviennent des Cadiens, ou Cajuns dans la bouche des anglophones.
Aujourd’hui, on estime la population cajun en Louisiane à 600 000 personnes.
Moins éduqués, plus pauvres que la moyenne, les Cajuns ont longtemps conservés leur étiquette de paysans arriérés, et sont restés à l’écart du reste de l’Amérique.
Leur langue, le français, est sujet d’humiliations constantes sur les bancs de l’école.
En 1921, le français est d’ailleurs officiellement banni du système éducatif.
Audrey George se souvient : «Lorsque le maître nous surprenait en train de parler français, ma sœur jumelle et moi, il nous obligeait à rester debout sur un seul pied pendant plusieurs minutes, ou bien à nous donner mutuellement des coups de règle sur les doigts,».
Ce qui n’a pas empêché l’impétueuse Audrey de devenir plus tard professeur …de français!
Aujourd’hui, « l’ouragan Audrey »,comme elle se décrit elle-même, participe à l’organisation du Congrès mondial acadien qui réunit, tous les cinq ans depuis 1994, des milliers d’Acadiens du monde entier, « Ces réunions ont permis aux Cajuns de prendre conscience qu’ils n ‘étaient pas seuls au monde, qu’ils avaient des cousins au Canada, en France (notamment à Belle-Île et à La Rochelle) et, ainsi, de revaloriser leur culture à leurs propres yeux.»
Extrait du magasine National Geographic, Décembre 2003, de Isaline Aubin, pages 8 et 9.