Marie-Jo Thério à Juno Beach
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Le 10 août 2012, Saint-Aubin-Sur-Mer en Normandie rendait hommage aux soldats acadiens du régiment North Shore du Nouveau-Brunswick qui ont libéré Saint-Aubin-Sur-Mer de l'occupation allemande.
Lors de cette cérémonie, Marie-Jo Thério a lu une lettre écrite par son père Paul à son frère Aurèle, un de ses quatre frères ayant pris part à la Libération de la France; les autres sont Lionel, Laurent et Donat.
Aurèle avait 26 ans lorsqu'il a été tué en Normandie en 1944; sa dépouille repose dans le cimetière canadien Bret-Sur-Laize en Normandie(voir photo plus bas). Les trois autres frères sont revenus sains et saufs ramenant avec eux les séquelles d'une guerre sanglante. Ils sont tous morts aujourd'hui.
Lettre lue par Marie-Jo:
Aujourd'hui, tu dois me regarder avec les yeux de beau jeune homme et te dire chanceux de n'avoir pas subi de déclin comme ton petit frère qui a maintenant les cheveux gris, est bedonnant et clopine dans ses démarches.
Je te vois enveloppé de la terre française que nous trouvons toujours précieuse malgré les siècles que nos ancêtres l'ont quittée.
Tu dois te souvenir de notre visite à Bretteville-Sur-Laize en 1973. Papa et maman avaient encore le cœur gonflé de tendresse et d'admiration pour toi!
Maman avait bien laissé couler quelques larmes. Papa, le regard lointain, nous semblait à la fois fier et triste.
La dernière fois que je t'ai vu, tu marchais vers l'avant du train qui te ramenait à l'armée et à ton devoir de soldat. Puis, le temps passa très vite et tu nous écrivais de l'Angleterre pour nous dire que tu souhaitais voir bientôt arriver le jour du débarquement en France.
Tu avais aussi hâte de voir les Français, disais-tu. Sur un ton plus sérieux, tu nous disais aussi que tu étais prêt à toute éventualité…
C'est peu de temps après que le Haut commandement lançait ton Régiment à l'attaque prématurée du bois de Quesnay. La patrouille d'infanterie que tu dirigeais se fit décimer par les balles meurtrières que, dans les circonstances de la bataille, on pourrait croire les nôtres. Ce fut, à la fois, la fin de nos rêves et le début de notre détresse.
Je prie chaque jour que ton départ fut bref. Probablement le 10 août 1944. À cette époque, j'étais seul, pensionnaire au collège - loin de la famille - quand maman me téléphona pour m'apprendre ton décès. Je me retirai à la chapelle où j'ai pleuré ton départ. Un moine entra et s'apercevant de mon désarroi, il tâcha de me consoler. J'avais 15 ans!
Aujourd'hui, l'âge fait qu'il ne reste plus que trois vieillards pour te pleurer, mon frère Norbert, ma sœur Claudia et moi-même. Sachant que notre destin s'approche de la finalité, nous nous sentons encore plus près de toi.
Instituteur de profession, tu as été pour l'Acadie et le Canada d'une grande utilité. Pour notre patrie, tu as été, avec nos frères Lionel, Laurent et Donat, prêt à répondre à l'appel.
Repose-toi bien sous la terre de nos ancêtres que nous vénérons toujours.
Ton frère, Paul.
P.S. Je suis sûr que ma fille, Marie-Jo, te livrera cette lettre avec une belle émotion et beaucoup d'amour.
Paul