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L'année 2005 marque le 250e anniversaire de la Déportation des Acadiens par l'administration britannique de Nouvelle-Écosse. Une proclamation royale, datée du 10 décembre 2003, reconnaît officiellement que la Déportation du peuple acadien a eu des conséquences tragiques, car plusieurs milliers d'Acadiens ont péri par suite de naufrages, de maladies dans leurs lieux de refuge, dans les camps de prisonniers de Nouvelle-Écosse et d'Angleterre, ainsi que dans les colonies britanniques en Amérique.
La proclamation royale désigne le "28 juillet, Journée de commémoration du Grand Dérangement" et invite les gens à en prendre connaissance et à " agir en conséquence ". Dont acte.
L'occasion est propice à une relecture de nos histoires et généalogies familiales; dans mon cas, souligne Yvon Thériault, descendant de Germain et par la suite, la vie de l'ancêtre Jean-Baptiste Terriot, déporté acadien.
SA FAMILLE D'ORIGINE
Jean-Baptiste Terriot appartient à la quatrième génération des descendants de Jehan Terriot et de Perrine Rau ou Brau , pionniers d'Acadie, recrutés au Poitou vers 1630, par Menou d'Aulnay (Jehan - Germain - Germain - Pierre...)
Né en 1728 à Cobequid (aujourd'hui Truro en Nouvelle-Écosse), il est l'aîné des dix enfants de Pierre Terriot et de Marguerite Guérin. Sa famille s'était installée à Cobequid, sur le fief seigneurial de Mathieu Martin, le premier enfant né en Acadie en 1636.
Pierre était né à Port Royal en 1694 et avait quitté la région de Rivière-au-dauphin en 1714, pour les terres nouvelles de Cobequid.
En 1750, l'instabilité de la situation en Acadie l'avait contraint à se réfugier à Port-Lajoie (île St-Jean ou Île-du-Prince-Edouard). Deux de ses fils, Joseph et Jean-Baptiste, avaient trouvé plus sécuritaire de rejoindre la Baie de Mordienne, près de la forteresse de Louisbourg, parmi de nombreux cousins et amis. Le 15 mai 1757, on note dans les archives que Jean-Baptiste Terriot est parrain de Marie-Madeleine Richard, fille de Pierre Richard et Anne Terriot (sa sœur).
Un an plus tard, en septembre 1758, la jeune Anne et son frère Anselme Terriot périront en mer pendant leur déportation vers les colonies britanniques. Le benjamin, Brisset, né en 1744, décédera à son arrivée à Saint-Servant (France), en 1758 également.
Ces tristes événements, liés à la Déportation, surviennent après la chute de Louisbourg en septembre 1758. L'armée anglaise ratisse les environs de Louisbourg et capture 2 000 Acadiens qui seront conduits à la prison d'Halifax, avant d'être dispersés dans les colonies d'Amérique, en Louisianne, en Angleterre et en France.
Le destin de Jean-Baptiste Terriot s'inscrit alors dans la tragédie du Grand Dérangement.
HALIFAX, N.E. - ROXBERRY - MASSACHUSSETTS, USA
Jean-Baptiste est d'abord conduit de l'Île Royale (Cap Breton) à la prison d'Halifax. Le gouverneur Charles Lawrence, qui administre la ville, créée en 1747, assume de nouvelles responsabilités avec l'arrivée de ces prisonniers acadiens. Il doit déterminer leur statut légal; sont-ils des prisonniers de guerre ou des ennemis, comme l'estimait le gouverneur Dinvillier de la Virginie? Faut-il plutôt s'inspirer d'une loi du Massachussets de 1755 qui place les Acadiens dans les mains des juges de paix et des responsables des pauvres?
"S'occuper d'eux comme la loi l'aurait permis s'ils avaient été habitants de la province", selon l'historienne Naomi Griffiths (Histoire de l'Acadie, Nicolas Landry et Nicole Lang p. 92)
Le gouverneur de Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence, consulte son ami William Shirley, gouverneur de Boston. Ils parviennent à une entente qui entraîne la déportation de Jean-Baptiste dans la région de Boston, plus précisément à Roxberry, Massachussets.
Le 27 novembre 1760, Jean-Baptiste épousera Marie Syre, en présence du patriarche acadien Doucet que l'écrivain Jean Pellerin retrouvera dans son épopée de Jean Santerre. Le mariage et le baptême d'un enfant du couple seront réhabilités en 1763, lors de la déportation à Miquelon des réfugiés qui désirent retourner en terre française, après la signature du traité de Paris, entre la France et l'Angleterre.
Durant ses cinq années d'exil au Massachussets, Jean-Baptiste et sa famille vivront de la charité publique, réglementée sévèrement par l'État, sans pouvoir se déplacer d'une ville à l'autre, ni s'absenter plus de six jours à la fois, sans risques d'arrestation et d'emprisonnement.
Les Acadiens sont toujours soupçonnés de menaces et de déloyauté envers la colonie britannique. Des associations charitables fournissent vêtements, logement et nourriture, mais la population trouve que ces réfugiés coûtent cher à l'État.
Le gouvernement de Boston négocie avec la Nouvelle-Écosse pour qu’elle paie une partie des frais d’entretien. Les anciennes terres des Acadiens permettront de loger les "Planters", après le départ des déportés en France, au Canada, en Louisianne et aux Antilles. Jean-Baptiste, sa femme et leurs enfants entreprennent en 1763 une autre étape de leur longue errance.
RETOUR EN TERRITOIRE FRANÇAIS
Après cinq années d'exil à Roxberry, en banlieue de Boston, Jean-Baptiste Terriot, son épouse, Marie Sire et leur fils Louis auront l'occasion de quitter la colonie anglaise pour un territoire français, perdu dans l'océan Atlantique: les Îles St-Pierre et Miquelon, à six lieues au sud de Terre-Neuve.
Ce dernier vestige de l'empire français d'Amérique constitue un ensemble de ports fréquentés depuis les débuts du XVIe siècle par les pêcheurs bretons et normands. Ces îles ont appartenu aux Anglais de Terre-Neuve depuis 1713, mais elles sont redevenues françaises en 1763, par le traité de Paris, qui a suivi la bataille de Québec.
L'archipel est plaçé sous la direction de Gabriel Dangeac, un ancien capitaine de la forteresse de Louisbourg. Un millier d'Acadiens ont trouvé refuge sur ces îles devenues rapidement surpeuplées et à court de ressources.
C'est dans ce contexte difficile que Jean-Baptiste et sa famille recoivent l'offre de s'établir en terre française (240 km de roches battues par les flots et le vent de l'Atlantique). La vie des réfugiés de Boston s'organise peu à peu dans des cabanes construites avec le bois des naufrages ou avec des piquets des sapins et des cèdres épargnés par les incessantes batailles des envahisseurs et commerçants de morue. Les pauvres cabanes de 49 mètres carrés logent souvent 10 personnes de trois générations de réfugiés.
Dès son arrivée, Jean-Baptiste Terriot (Terriau) fait régulariser sa situation matrimoniale et celle de Louis, par le curé de la paroisse Notre-Dame des Ardilliers, ainsi qu'on peut le lire au régistre du 23 octobre 1763.
" En l'an de grâces mille sept cent soixante-trois, le vingt-troisième jour d'octobre, je sousigné, prêtre aumônier du Roy et curé de la paroisse de Notre-Dame des Ardilliers de l'île de Miquelon, ay fait les cérémonies et prières accoutumées à un garçon de Jean-Baptiste Terriau, légitiment baptisé par Isabelle Borddeleau, sage-femme pour cause de détention en Angleterre et dans l'impossibilité de faire autrement. L'enfant est né le vingt-quatre du moy d'octobre de l'année mille sept cent soixante-deux à Roxberry dans la Nouvelle-Angleterre. Il est né de Jean-Baptiste Terriau, ancien habitant de l'Acadie et aujourd’hui habitant de l'île de Miquelon, et de Marie Sire son épouse. On a donné à cet enfant le nom de Louis. Le parrain a été Pierre Sire, habitant de Miquelon, et la maraine Anastasie Sire, habitante de la dite paroisse. Ne sachant pas signer, le parrain a fait sa marque, ainsi que la marraine. "
François Paul, ptre, Ardilliers
NOUVEL EXODE
Les îles sont rapidement surpeuplées, et en 1767, le gouverneur Dangeac est obligé d'organiser un nouvel exode vers la France. Jean-Baptiste et sa famille sont inscrits au rôle de La Créole, destination Saint-Servan avec ses quatres enfants dont le bébé de 6 mois Victoire. C'est la pagaille à l'arrivée France, pour un retour précipité à Miquelon, le 14 mars 1768. Dix ans plus tard (1778), la famille est déportée une autre fois vers Larochelle où elle doit compter sur les bonnes grâce du roi pour survivre jusqu'au prochain retour à Miquelon.
Au recensement de 1785, la famille de Jean-Baptiste compte sept enfants de 17 à 3 ans. Jean-Baptiste est décrit par le recenseur comme pêcheur et charpentier. On apprend qu'il a déjà occupé la fonction de commis du magasin du Roy à Miquelon, jusqu'à ce que son emploi soit attribué au sergent du détachement militaire en poste à Miquelon. Son fils aîné, Louis, est aussi pêcheur et compagnon dans une chaloupe qui lui appartient. Il possède deux bêtes à cornes et un jardin. Jean-Baptiste semble assez instruit. Comme il sait lire et écrire, on requiert souvent ses services de témoin de maints actes civils. On l'appelle pour ondoyer les enfants nés trop fragiles. Il préside même des cérémonies de sépulture pendant l'absence du curé qui le qualifie souvent de maître-chantre de Miquelon, selon une recherche inédite de Roger Cyr.
Marie Sire est décédée à Miquelon le 16 mars 1787. Jean-Baptiste est décédé en 1792 mais les registres de Miquelon sont détruits pour cette période.
Cinq enfants de Jean-Baptiste et de Marie Sire sont partis de Miquelon pour les îles-de-la-Madeleine en 1793 : Louis, Marie, Jean-Baptiste, Victoire et Pierre.
ENFANTS:
- Louis, né à Roxberry le 24 octobre 1762; il épousa à Miquelon, le 07 novembre 1784 Anastasie Cormier (François & Marie Bourgeois).
- Marie, baptisée à Miquelon le 29 décembre 1763 ; épousa aux Îles de la Madeleine, en 1795, Jean Vigneau (Pierre & Madeleine Cyr)
- Jean Baptiste, baptisé à Miquelon le 26 août 1765 ; épousa à Miquelon le 24 novembre 1788, Anne Richard (Joseph & Anne Agnès Poirier)
- Victoire, née à Miquelon le 06 septembre 1767 ; épousa à Miquelon, le 23 novembre 1789, Jean Boudreau.
- Laurent Guillaume, baptisé à Miquelon, le 11 janvier 1770 ; est décédé à Miquelon, le 08 juillet 1770.
- Simon Pierre, baptisé à Miquelon, le 31 mai 1772.
- Xavier (jumeau), né à Miquelon le 14 avril 1774.
- Pierre (jumeau), né à Miquelon, le 14 avril 1744 ; épousa à Havre-Aubert, Qc, le 16 octobre 1798, Louise Catherine Montmigny (Germain & Marie Catherine Audy).
- Adélaïde, née en 1776.
Source: Dictionnaire généalogique Familles Thériault 1601-2003 - Camille Albert 2004
Conclusion de l'auteur:
Notre grand-père Albin descend de Pierre et notre grand-mère Geneviève, de Louis. Ils étaient cousins germains. Leur mariage eut lieu à l'église Sainte-Madeleine du Havre-aux-Maisons, Îles-de-la-Madeleine, le 25 novembre 1895.
Yvon Thériault, journaliste retraité
Membre de la Société de généalogie de Québec et de l'Association des Familles Thériault d'Amérique